Ecrit par Colin Baldet le
Séminaire « Méthodes pour l’analyse de la participation en ligne »
Organisé par Valérie Beaudouin et Alexandre Mallard
Ce séminaire a pour objectif de développer la réflexion sur les démarches d’exploitation de données numériques visant l’analyse des usages et des formes de participation. Avec l’explosion de la communication en ligne, des informations toujours plus nombreuses et riches sont à disposition des chercheurs pour documenter les pratiques dans des domaines variés : consommation, comportements politiques, production de connaissances, sociabilités, participation démocratique, controverses, etc. Des traces d’usage et de communication dans ces domaines sont désormais accessibles sur des supports variés : forum, listes de discussions, blogs, presse en ligne, réseaux sociaux, plateformes d’échanges dédiées, etc. L’utilisation de ces données à des fins de recherche s’est largement développée au cours des dernières années, sans que n’aient toujours été largement déployés les débats relatifs à la constitution des corpus, aux méthodes d’analyse et à l’articulation des analyses numériques avec des approches de terrain plus classiques en sciences sociales.
Ce séminaire se veut un lieu de rencontre et d’échange de connaissances, de pratiques et de savoir-faire pour des chercheurs issus d’horizon divers mais confrontés à ces problématiques communes. Il visera à discuter de recherches inscrites dans des perspectives variées (sociologie des usages, étude de controverse, analyse de réseaux sociaux, enquête pragmatiste, suivi d’innovation, etc) tout en s’efforçant d’articuler deux versants du travail de recherche qui restent parfois tendus ou trop séparés : d’un côté la collecte et la mise en forme des matériaux numériques, de l’autre leur mobilisation et leur interprétation dans des cadres d’analyses spécifiques. Le mode de discussion proposé permettra de présenter des résultats de recherches passées ou en cours, tout en donnant la possibilité « d’entrer » dans les données et dans les démarches, outils, et savoir-faire mobilisés pour les exploiter. Sans qu’il ne s’agisse d’un atelier de formation à proprement parler, on s’efforcera de rendre visible l’utilisation des logiciels nécessaires, les opérations de constitution de corpus, les bricolages ad hoc, etc. Il s’agira d’ouvrir à la discussion des questions communes sur ces démarches, qui tendent à rester confinées dans le travail ordinaire et les vicissitudes concrètes de la recherche :
constitution des corpus : quelles méthodes d’archivages pour préserver les données ? comment optimiser l’articulation entre la constitution des corpus et leur analyse ? quel cadre juridique pour l’utilisation de corpus numériques ? quel statut conférer à des informations qui se donnent comme publiquement accessibles pour tout un chacun ?
méthodes d’analyse : comment rendre compte des différentes opérations de tri et de sélection des « informations intéressantes » partant des « données brutes » ? comment parvenir à des résultats stables par triangulation ? Comment contourner la sensibilité des résultats obtenus au paramétrage des logiciels d’analyse ?
articulations méthodologiques : quels problèmes pose l’utilisation combinée de données en ligne et de données obtenues par d’autres biais (enquête, documentation, observation, etc) ? etc.
Calendrier et localisation
5 séances du séminaire seront programmées pour 2017-2018, qui auront lieu le jeudi matin de 10h30 à 12h30, alternativement à l’école des Mines (60, boulevard Saint Michel) et à l’école des Télécommunication (46, rue Barrault).
Séances
1er février 2018, à l’école des Mines (salle Saint-Jacques) : Dominique Pasquier, « Travailler qualitativement sur des données de comptes Facebook »
Article : Pasquier Dominique, « Les clôtures sociales de l’exploration curieuse : comment construire son compte Facebook en milieu populaire ? », D. Pasquier (dir.), Explorations numériques. Hommages aux travaux de Nicolas Auray, Paris, Presse des Mines, 2017. Télécharger l’article »
8 Mars 2018, à l’école des Télécommunications (salle E200) : Irène Bastard, « Facebook, pour quoi faire? » : réconcilier les traces techniques et les récits remémorés.
Article : Bastard Irène et al., « Facebook, pour quoi faire? Configurations d’activités et structures relationnelles », Sociologie, 2017, vol. 8, no 1, http://sociologie.revues.org/3040.
5 avril 2018, à l’école des Mines (salle Saint-Jacques) : Dominique Cardon, « Topographie de la renommée en ligne »
Article : Cardon Dominique, Fouetillou Guilhem, et Roth Camille, « Topographie de la renommée en ligne », Réseaux, 2014, vol. 188, p. 85-120, http://www.cairn.info/revue-reseaux-2014-6-page-85.htm.
31 mai 2018, à l’école des Télécommunications (salle B316) : Madeleine Akrich, « Listes de discussions et communautés en ligne » (titre provisoire, article à préciser)
28 juin 2018, à l’école des Mines (salle Saint-Jacques) : à préciser
Animation
La vocation du séminaire est de discuter des recherches sur la participation en ligne au plus près des liens entre le traitement des données et leur interprétation. A cet effet, on proposera le mode d’animation suivant :
avant le séminaire, un texte, déjà publié ou en cours d’écriture, est mis à disposition sur le site du séminaire.
le ou les invité.e.s réalise.nt une présentation d’une demi-heure centrée non pas sur l’argument du texte (les participants doivent l’avoir lu et le connaissent donc déjà) mais plutôt sur le « making of » : spécificités de l’ingénierie de données mise en œuvre, outils de captation/constitution de corpus, stratégies d’analyse et outils mobilisés, etc.
la discussion collective a vocation à explorer les lien entre le traitement des données et les d’analyses, interprétations, argumentations auxquelles elles donnent lieu.
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